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Argumentaire

« Tant de corps qui poussent dans le nôtre » (1), tant de personnages, tant de concepts… Les personnages conceptuels sont comme des corps qui se ploient et se déploient infiniment en nous, tracent des cartes, forment des lignes de fuite et fabriquent des blocs de devenir. Les personnages qui poussent en nous s’activent et activent la pensée, une pensée vivante, c’est-à-dire une pensée en mouvement, une pensée comme flot désirant qui construit les agencements des machines philosophiques. Les concepts, nous philosophes-artistes, ou l’inverse, les fabriquons comme résultats de flux qui poussent en nous. Fabriquer et cartographier un concept sur le plan d’immanence (philosophie), le situer dans un réseau et lui redonner du mouvement (histoire de la philosophie) sont les tenants et les aboutissants d’une pensée active. Cette pensée fabrique du concept et met en lien ce dernier avec son environnement et sa contemporanéité.

Le symposium « La pensée active de Gilles Deleuze » se veut être une actualisation des concepts deleuziens et par la même, la construction dans leurs sillages de nouveaux concepts en mouvement, quitte à faire des enfants dans le dos au fameux philosophe du désir (2). 

La « pensée active » ou comment comprendre et redonner du mouvement aux concepts deleuziens.

Réfléchir sur l’activité d’une pensée signifie questionner l’actualité de ses concepts. Quels approfondissements théoriques est-il possible de construire ? Quelles bifurcations philosophiques est-il envisageable d’apporter à l’épaisseur d’un concept ?

Actualiser, approfondir, faire bifurquer un concept : ces actions engendrent des mouvements qui rendent active une pensée. Un plan d’immanence ne se renouvelle pas de lui-même ou par lui-même, il doit sans cesse être recoupé par de nouveaux concepts, de nouvelles idées, de nouveaux plans pour former un réseau plus large dans lequel il s’étendra, se diluera, s’épaissira, s’accélérera. Le plan d’immanence s’active ou se réactive dès lors qu’il est traversé par de nouvelles vitesses, rythmes, mouvements, ou de nouvelles perspectives, apportés par d’autres plans. Alors, nous fabriquons des agencements, de nouveaux paradigmes, de nouveaux territoires ; nous dessinons des personnages qui tracent des lignes et des concepts sur le plan ; nous déterritorialisons un concept pour le reterritorialiser sur un nouveau plan d’immanence.

Penser l’activité du plan d’immanence deleuzien signifie réfléchir autour de ces quelques questions :

  • Quels sont les nouveaux concepts, les nouveaux mouvements de pensée qui découlent du plan d’immanence deleuzien ?

  • Quelle est la continuité conceptuelle du travail de Gilles Deleuze ?

  • Qu’en est-il de l’actualité des concepts deleuziens dans différentes disciplines - Architecture, Cinéma, Art, Littérature - dont l’acte de création en constitue « un bloc de sensations, c’est-à-dire un composé de percepts et d’affects » (3) ?

  • Finalement le siècle est-il deleuzien comme l’avait imaginé Foucault ?

  • Ne serait-ce pas en lui faisant des enfants dans le dos ?

  • A partir et par-delà les concepts deleuziens, comment les problèmes posés par le philosophe des devenirs peuvent-il être questionnés aujourd’hui ?